Dominique Calamel

 

 

VanouVousLivre : Tout d’abord merci Dominique Calamel d’avoir accepté cette petite interview. Je suis ravie d’avoir eu l’occasion de découvrir votre plume grâce à mon partenariat avec Mon Petit Editeur. Qui est-vous Dominique Calamel ? On sait qu’il existe des auteurs très médiatisés (et que je n’interviewerai jamais car ils n’en ont pas besoin et n’accepteraient sans doute pas…), mais en ce qui vous concerne, je dois dire que je ne sais rien de vous. Pourriez-vous nous éclairer ?

 

Dominique Calamel: Née au Maroc en 1950,  d'un père français et d'une mère suissesse. J'ai suivi mes parents quand ils ont dû quitter le pays. Nous sommes arrivés à la frontière suisse en 1963. J'étais déjà en France depuis 1961. Cette rupture avec mon enfance a été terrible pour moi. La séparation d'avec mes parents, le pensionnat, le climat, les inconnus...

J'ai fait mes études secondaires au lycée mixte d'Annemasse, puis mes études supérieures à Genève. J'ai donc un bac + 2 de commerce. J'ai fait carrière comme cadre dans la banque pendant plusieurs années en tant que gestionnaire de fortune. Puis dans l'informatique pendant 10 ans comme cadre supérieure.

Pour des raisons trop longues à expliquer et qui pourraient faire un roman, en 1988 j'ai tout plaqué. Je ne me sentais plus dans ce pays beau mais fait de grisaille, de froidure et trop chargé de peines.

Après?....J'ai fait un tas de choses allant de la restauration, à l'immobilier etc...ce qui m'a amenée sur le Bassin d'Arcachon, endroit où je me suis immédiatement plue, car la région me rappelle le Maroc. A cette époque, J'ai dû faire un break de 10 ans pour m'occuper de maman. Je lui ai tenu la main jusqu'à son dernier soupir.

Je me suis retrouvée seule et sans toit.

Je suis donc repartie de zéro et après bien des déboires, je me suis retrouvée assise derrière un ordinateur à taper sur mon clavier et à mettre noir sur blanc toutes les histoires que j'avais en moi.

 

VanouVousLivre : Pouvez-vous nous parler de vos goûts littéraires ? Un ou des auteurs fétiches ? Des livres d’auteurs peu connus à me conseiller ?

 

Dominique Calamel: Aussi loin que je m'en souvienne, j'ai eu un livre dans les mains. Parfois cela avait même le don de mettre mon père en colère, car lorsque j'avais le nez dans un roman je n'entendais plus rien.

Au début guidée par maman,  mes goûts sont devenus plus qu'éclectiques. J'ai même été une fan de BD, je parle des années 60, à l'époque considéré comme un art mineur, les albums étaient peu chers, ce qui m'a permis de constituer une belle collection des auteurs quasi confidentiels et maintenant renommés. Malheureusement j'ai dû abandonner car maintenant les albums sont inabordables pour mon budget, mais je continue à lire le journal de Spirou.

Je lisais également les livres de sciences fictions et d'héroic fantasy. Les deux premiers auteurs qui m'ont fascinée, j'avais environ 14 ans, c'étaient Jules Vernes et Rosny Aînée, deux avant-gardistes du début du 20ème. Ensuite j'ai lu tous les Mac Caffrey, les Tolkien, etc... Bien avant qu'ils ne soient connus. Pendant un certain temps je me suis intéressée à la littérature américaine. Comme les livres d'Auel qui se passent dans la préhistoire et qui m'ont passionnée. Je me suis également penchée sur l'ésotérisme et des livres initiatiques, comme ceux de Lobsang Rampa.

Et bien sûr, les polars. Les anglais, les américains et quelques français.

Je vais arrêter car la liste serait trop longue.

Je n'ai pas d'auteur fétiche. Quand l'un d'eux me plaît je lis ses romans avec plaisir, mais les fétiches sont sclérosant et je veux rester ouverte.

 

VanouVousLivre : L’écriture ça vient d’où ? A quel moment de la journée écrivez-vous ? Vous astreignez-vous à un rythme ? Le plan est-il prédéfini ou l’histoire se déroule-t-elle au fur et à mesure de l’écriture ?

 

 

 

Dominique Calamel: J'ai toujours voulu écrire. Mes notes en dissertes étaient très bonnes et j'envisageais vraiment de faire une licence de lettre et d'écrire, jusqu'au jour où en 1ère j'ai eu un nouveau prof de français... ce dernier détestait ce que j'écrivais et barrais régulièrement mes copies en me mettant des notes minables. Heureusement ce n'est pas lui qui a corrigé mon épreuve au bac...Toujours est-il qu'il m'a découragée et enlevé toute ambition littéraire.

A ce moment là, j'avais 17 ans et j'avais gribouillé un début de roman que j'ai laissé tomber.

Bien des années plus tard, alors que j'étais au chevet de maman, j'ai repris cette histoire pour passer le temps. A cause de son décès en 2002, je n'ai pu aller au bout. Deuxième abandon. Au printemps 2007 j'ai dû acheter un ordi pour mon travail et tout à fait par hasard, j'ai retrouvé le cahier sur lequel j'avais écris en sténo le début de mon histoire et pour m'amuser je l'ai transcrit sur mon ordi pensant m'y mettre un jour, pourtant, alors que je ne m'u attendais absolument pas, la suite  m'est venue au bout des doigts à la vitesse grand « V », emportée que j'étais par mes personnages. Un mois plus tard, je le faisais lire à ma meilleure amie, qui m'a dit: «Trouves-toi un éditeur.» Ce roman s'appelle «ZAÏANE» il est paru en  août 2008.

Depuis je ne me suis plus arrêté et j'écris tous les après-midi assise sur mon canapé, mon portable sur les genoux, avec mon chat et ma chienne lovés prêt de moi. Mais il ne s'agit pas d'une astreinte, il s'agit d'un plaisir, un vrai dont je peux me passer quand il fait beau et que je vais à la plage....travailleuse, mais pas forcenée...

Je n'ai pas de plan. La plus part du temps je pars sur une première phrase et je me laisse guider par les personnages. Ceux-ci, je dois le dire, m'emmènent parfois dans des impasses dont j'ai du mal à les faire sortir. Restant bloquée un ou deux jours dans l'attente d'une issue. Ou ont des réactions auxquelles je ne m'attendais pas. A part pour mes romans policiers dont je connais toujours le meurtrier et le modus operandi avant de démarrer. Ensuite, je mène mon enquête pour le coincer et tenir mes lecteurs en haleine.

 

 

VanouVousLivre : Comment on passe de l’écriture à l’édition ?

 

Dominique Calamel: Très, très, très difficilement. Et cela coûte un max...car les grands éditeurs n'acceptent pas les CD, ni les envoies par e.mail. Ils veulent des manuscrits tapés à la machine...pour un envoie de 150 ou 200 pages...vous imaginez les frais de timbres...

C'est ce que j'ai fait pour « Zaïane »...avec des réponses négatives, jusqu'à ce que je me fasse piégée par un éditeur qui acceptait de m'éditer  si je leur donnais plus de 2600.- euros. Désespérée j'en suis passée par là, pensant que cela me mettrait le pied à l'étrier. En fait j'aurais brûlé cet argent dans mon barbecue cela serait revenu au même. Sans compter que bien qu'ayant vendu près d'une centaine de livres, ils ne m'ont jamais versé mes droits d'auteur...une véritable arnaque quoi.

Alors j'ai cherché sur internet des éditeurs qui prenaient les manuscrits envoyés en pdf. Et là très rapidement deux de mes romans ont été acceptés par deux éditeurs différents, qui acceptaient de m'éditer à compte d'éditeur.  Les éditions Edilivre qui ont publié « La Zélie » et Publibook pour «Face au destin». Les premiers n'ont pas du tout jouer le jeu, m'obligeant à acheter les exemplaires pour les dédicaces et n'acceptant pas les dépôts ventes. Et comme je n'ai vraiment pas les moyens de faire ce genre d'avance financière j'ai vendu zéro livre.

Par contre Publibook (affilié à Mon Petit Editeur ou le contraire) m'aide et me permet de faire des dépôts ventes dans les librairies qui acceptent de prendre mes livres. Depuis je travaille régulièrement avec eux et ils ont publiés trois de mes romans, sur cinq.

Mais le véritable obstacle, ce sont les libraires. Certains même sont carrément hostiles, refusant même à mes lecteurs de commander mes livres, parce qu'ils ne travaillent pas avec mon éditeur....So what! Pourtant les journalistes du Bassin on fait de très bonnes critiques au sujet de mes romans, mais cela ne suffit pas. La plus part du temps leur excuse est que mes histoires ne se passe pas sur le Bassin, car d'après eux les lecteurs n'aiment que ça...

Alors j'organise grâce à mes lecteurs des rencontres littéraires au cours desquelles je réponds aux questions sur mes romans et je les dédicace. D'ailleurs la prochaine aura lieu le 19 novembre prochain à Gujan Mestras dans la cabane des ostréiculteurs ACMBA, rue Pierre Dignac. Il y aura des gâteaux , du thé et du café...

Pour se faire connaître seul le bouche à oreille et le coup de pouce de journalistes comme vous peut faire avancer les choses.

 

VanouVousLivre : Parlons maintenant de La Légende de Thaïs. J’ai eu un coup de cœur pour ce roman. D’où vous est venue l’idée d’écrire un roman jeunesse ? Aviez-vous un objectif particulier en le rédigeant ?

 

Dominique Calamel : Un beau jour d'été, alors que j'étais chez ma meilleure amie, toujours la même, au bord de sa piscine, cette dernière me parle du prochain anniversaire de son petit fils: Thaïs. Je lui ai demandé quel cadeau lui ferait plaisir, elle m'a répondu du tac au tac: «Ecris-lui une belle histoire». Sur le moment j'ai répondu spontanément «oui».

Seulement voilà, je n'avais aucune idée. Bien qu'ayant des contacts très faciles et très amicaux avec les jeunes je ne savais par quel bout commencer, et quoi raconter à Thaïs. Une seule chose était sûre, il en serait le héros et j'essaierais de mettre le plus possible des ses amis dans mon histoire. Un jour, la première phrase m'est venue: «Thaïs rentrait chez lui d'un pas léger....» et je me suis portée. L'idée du diamant et des saphirs, vous ne me croirez peut-être pas, mais je vous jure que c'est vrai, m'est venue d'un rêve que j'avais fait plusieurs mois plus tôt. Une histoire de mage qui protégeait son royaume avec ces mêmes pierres...j'avais tellement aimé ce rêve que je l'avais noté, espérant trouver un jour l'inspiration autour de lui. Je rêve beaucoup et quand ceux-ci me plaisent, je les notes.

Lorsque je lui ai offert les « Epreuves de Padalia », je n'en menais pas large. J'ai beaucoup moins le trac avec des adultes, car plaire et retenir l'attention d'un petit garçon de 10 ans...est une toute autre affaire. Le lendemain sa maman me téléphonait pour me dire qu'elle avait été obligée de le lui confisquer pour qu'il dorme...je n'aurais jamais osé penser être capable de ça.

Mon seul objectif était de donner envie de lire et de faire plaisir à un petit garçon pour son anniversaire et j'ai réussi! Chouette!

 

VanouVousLivre : C’est une lionne qui endosse le rôle de l’amie fidèle de Thaïs. Pourquoi un animal et non pas un être humain ?

 

Dominique Calamel: D'abord et avant tout parce que les animaux font parti de ma vie depuis ma plus tendre enfance. J'ai appris à marcher en m'accrochant à notre chienne boxer, ils font parti intégrante de mes livres et ont souvent un rôle important. De plus, Thaïs les aime également, il possède une adorable chatte siamoise qui dort toutes les nuits dans ses bras. Ensuite, quoi de plus génial que de pouvoir dialoguer avec un animal et particulièrement une lionne aux dents de sabre, réputée comme féroce... et puis des humains il en a plein autour de lui avec lesquels il a des rapports plus qu'amicaux et affectueux, sauf pour les méchants bien sûr.

 

 

VanouVousLivre : Vous reprenez des standards du roman initiatique de la fantasy : un jeune garçon pas très costaud, un apprentissage semé d’embuches, des rites de passages. Vous avez réunis tous les ingrédients. Pourquoi n’avoir pas fait durer le plaisir en rédigeant une histoire plus longue, voire même plusieurs tomes ?

 

Dominique Calamel : J'ai écrit les trois premières parties sollicitée à chaque fois par Thaïs qui avait envie d'une suite.  L'idée m'est venue de le faire éditer quand j'ai vu son enthousiasme. Une fois de plus Mon petit Editeur a joué le jeu et il est paru à Noël l'année dernière.

Depuis j'ai écris « Thaïs rencontre les Elfes » et hier j'ai mis le point final au cinquième épisode « Thaïs part en mission » pour l'offrir dans deux jours à l'incarnation de mon héros, pour son anniversaire. Je suis impatiente d'avoir son avis, car si il l'aime je le proposerai à Mon Petit Editeur avec l'espoir d'être à nouveau acceptée par le comité.

 

VanouVousLivre : Pouvez-vous nous parler un peu de vos romans déjà publiés ? Quels sont vos projets à venir ?

 

Dominique Calamel:

 

 « ZAÏANE » Chez Bénévent.

L'histoire se passe en Afrique, dans une grande réserve animale. Comme je vous l'ai dit j'avais commencé à l'écrire à 17 ans. Ce que je raconte est ce que je rêvais de vivre, plus tard, c'est ce que j'aurais tellement aimé vivre. Je lui ai donné ce titre car je suis née au Maroc dans je Haut Atlas, domaine de la tribu des Zaïans et que mon père m'appelait sa princesse Zaïane, mais pour en savoir plus, il faut lire le livre.

 

« FACE AU DESTIN » Chez Publibook

Il s'agit d'un livre en trois parties racontant l'histoire de ma famille, particulièrement celle de ma maman, transposée en Indochine. Le sujet est romancé, mais le fond est réel, comme certaines anecdotes.

 

« LA ZELIE » Chez Edilivre

Une jeune femme, fille d'un commandant de la marine commerciale, amoureuse de la mer, réalise son rêve: Construire un vieux gréement et partir autour du monde avec comme équipage une bande de jeunes ados. Ils leur arrivent un tas d'aventures...

 

«LA LEGENDE DE THAÏS » Chez Mon Petit Editeur

Un jeune garçon vit au Royaume Vert, surnommé « la crevette » parce qu'il est maigre et chétif il prouve par son intelligence et son courage, à tout ceux qui se moquent de lui qu'il est tout sauf un simulacre de crustacé.

 

« UN ARBRE EST TOMBE » Chez Mon Petit Editeur

Mon premier policier. Des cadavres de femmes sont découverts momifiés dans la forêt, parce qu'un arbre est tombé à la suite de la terrible tempête de 2006 qui a ravagé le Bassin d'Arcachon.

C'est en l'écrivant que le personnage du commissaire m'est venu, physiquement il ressemble à l'un de mes profs de latin, grec, français, que j'aimais beaucoup en 4ème et en 5ème, et moralement il a le même sens de l'humour, la même intelligence et le même esprit épicurien. Il m'est venu comme une évidence.

 

VanouVousLivre : Merci Dominique Calamel.

 

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Ma chronique de La Légende de Thaïs