Claire DeLille
Pour se faire une idée de l'auteure
VanouVousLivre : Bonjour Claire DeLille et merci d’accepter ce petit entretien.
Claire DeLille : Merci à vous de me l’avoir proposé. J’ai déjà eu l’occasion de lire vos « petits entretiens » et j’ai toujours passé un bon moment. Leur ton est juste. J’avoue donc avoir été très contente que vous ayez pensé à moi et je suis fière d’en être aujourd’hui.
VanouVousLivre : Merci ça fait plaisir d'avoir un retour sur cette rubrique qui me tient à coeur. Avant de parler de vous en tant qu’écrivain, pourriez-vous nous parler de vous tout court ?
Claire DeLille : Parler de moi ? Ouh, là… Par où commencer ? Je mesure 1m63… Non, ça ce n’est pas important ! Je suis ce que l’on peut appeler une fille du nord, une Ch’ti comme on dit. Je suis quelqu’un d’ouvert et d’enthousiaste. On me qualifie parfois de rêveuse et de bohème, j’ai surtout l’imagination hyperactive. Et cela se ressent dans tous les domaines de ma vie. Tout est prétexte à inventer une histoire, à voir une situation différemment des autres, ou tout au moins sous un angle moins terre à terre. Je trouve de la poésie dans les lieux abandonnés par exemple. J’aime me perdre dans les endroits que je ne connais pas.Sinon, j’ai une vie bien remplie. Entre famille, travail, lecture et écriture, je m’essaie à la photographie. En résumé, je croque la vie à pleines dents, d’ailleurs, je suis gourmande.
VanouVousLivre : Que lisez-vous ?
Claire DeLille : Je lis un peu de tout. À suivre votre page : VanouVousLivre, je dirais que l’on se retrouve un peu toutes les deux car vous me semblez très « large » dans vos choix de lecture. Je passe donc d’auteurs confirmés et très médiatisés à des auteurs débutants ou simplement moins connus. J’aime découvrir de nouvelles plumes. Pour vous donner une idée, en 2013, ceux qui m’ont le plus marquée ont été : Justine Niogret, avec « Gueule de truie », Anthelme Hauchecorne avec « Punk’sNot Dead », Fleur Hana avec « Feeling Good », George RR Martin avec l’intégrale du « Trône de fer » et « Skin Trade », Joël Dicker avec « La vérité du l’affaire Harry Quebert », George Orwell avec « 1984 » (que bizarrement, je n’avais jamais lu), Alain Damasio avec « La horde du Contrevent » (la plus grosse claque littéraire de ma vie !) , John Boyne avec « Le garçon en pyjama rayé » et Stephen King avec « Dolores Clairborne ». Et je n’ai noté que les plus marquants, pas tous les autres qui ont pu me plaire aussi.
VanouVousLivre : Pensez-vous qu’on puisse devenir écrivain sans être avant tout un grand lecteur ?
Claire DeLile : Je n’en sais rien du tout. J’aurais tendance à dire que les deux sont liés, oui, qu’il faut beaucoup lire pour savoir écrire. Mais c’est seulement parce que dans mon cas, ce sont mes lectures qui m’ont mise sur la voie de l’écriture. J’ai du mal à imaginer un auteur qui ne lirait pas. Cependant, je ne sais pas ce qui fait de lui un « grand écrivain ». On a vu des artistes formidables qui n’avaient aucune culture artistique ! Je suis donc ouverte à toutes les possibilités.
VanouVousLivre : Je découvre votre écriture par le biais de la littérature érotique. C’est un genre en pleine explosion alors qu’il était tabou il y a encore quelques années. Quels sont vos références dans le domaine, les romans à ne pas louper ?
Claire DeLille : Je n’ai pas beaucoup de références en vérité. Au niveau de mes lectures, il n’y a pas si longtemps que j’ai découvert le genre. Pour la petite histoire, il se trouve que j’ai un jour acheté un livre sur les vampires dans un rayon jeunesse : Deux livres achetés et un gratuit ! disait l’affiche. J’avais choisi celui-là pour sa couverture et pour les vampires sans vraiment me renseigner dessus car j’étais pressée. Cependant, très vite, je me suis rendue compte que ce livre n’avait absolument rien à faire dans le rayon jeunesse ! Et même que le caissier n’aurait pas dû me le donner, puisqu’il ne faisait pas partie des livres gratuits de la promotion. Enfin, il était trop tard pour le rendre et finalement, j’ai dévoré cet ouvrage érotique. J’ai aussi tenté « Les infortunes de la Belle au bois dormant » d’Anne Rice car j’aimais beaucoup cet auteur, mais je ne suis pas allée jusque qu’au bout. Tout simplement parce qu’il ne m’a pas intéressée : trop répétitif et trop de fessées, entre autre…
Ce sont ensuite les rencontres que j’ai faites au fil du temps sur internet qui m’ont amenée à côtoyer plus le genre. J’ai lu quelques titres de chez Sharon Kena (dont je retiendrai « Feeling good » déjà cité plus haut) et ceux des éditions Artalys : Créatures fatales, par exemple.
Je ne me suis jamais plongée dans « Cinquante nuances de grey ». Je ne sais pas… Ce livre ne m’attire pas. Le concept même de cette histoire ne me plait pas.
Pour l’écriture, disons que l’idée s’est imposée à moi sans que je m’en rende vraiment compte. J’ai un jour aidé un auteur à réécrire une scène de sexe dans sa nouvelle et le jeu m’a plu. Je me suis dit que cela pourrait être une expérience de plus pour moi et je me suis lancée.
VanouVousLivre : Pourquoi les lecteurs sont-ils de plus en plus friands de ce type de lecture ? Que pensez-vous apporter à vos lecteurs ?
Claire DeLille : Je ne suis pas certaine qu’ils le soient plus. Je pense qu’ils ont plus l’occasion et la possibilité d’en lire. Plus d’offres, plus de sujets, plus de discrétion (les liseuses permettent de lire n’importe où, sans que personne ne connaisse le titre du livre) et plus d’accessibilité (on peut les acheter sur le net en un clic et le côté « nouvelles » permet de lire vite et à petits prix). Maintenant, ce que je pense apporter au lecteur, c’est peut-être une alternative aux livres qui surfent (pour ne pas dire « qui copient ») « 50 nuances de grey » justement. Je veux un peu d’originalité, plus d’évasion, des héroïnes fortes malgré leurs fêlures et qui ne sont pas soumises. Du sexe qui soit un plaisir, un échange entre les partenaires et pas une lutte de pouvoir ou une domination à sens unique.
En fait, avant que vous ne me posiez la question, je n’y avais pas trop réfléchi. Je savais juste ce que je voulais écrire et ce que je ne voulais pas faire. Dans ce domaine comme dans tant d’autres, tous les goûts sont dans la nature. Je sais donc que je ne plairai pas à tout le monde, mais je resterai fidèle à mon crédo.
VanouVousLivre : Parlons maintenant de « Ceux qui attirent ». Comment vous est venue l’idée de cette série ? Pourquoi mêler le fantastique à l’érotique ?
Claire DeLille : L’idée de cette série et venue d’un rendez-vous raté. Eh oui ! Mais là s’arrête la comparaison entre ma vie et cette série ! L’inspiration me vient comme elle veut, sans crier gare. Je me revois encore marchant sous un ciel gris, me demandant ce qui pourrait arriver à une femme qui se retrouverait seule dans la gare du Nord à la tombée de la nuit, si elle n’avait nulle part où aller. J’ai toujours eu une imagination débordante, les idées ont donc afflué dans ma tête et celle d’une rencontre étrange et interdite s’est imposée à moi. Ce fut le point de départ. Je me suis mise à écrire aussitôt. Je savais ce que je voulais faire, où je voulais aller, l’écriture a coulé de source.
Dès le début, le fantastique était une évidence pour deux raisons. La première est que c’est mon domaine de prédilection en écriture. C’est mon univers. L’érotisme ne l’était pas (mais l’est-il aujourd’hui ?). Ainsi, mêler les deux me permettait de ne pas totalement nager en eaux troubles, d’avoir de quoi m’appuyer en terme d’expérience. La seconde est simplement que, je trouvais que cela apporterait une pointe d’originalité à mon récit, même si là encore le genre est en expansion. Je ne fais donc pas figure de précurseur (tiens… ce mot n’a pas de féminin ?).
Une couverture sensuelle
VanouVousLivre : J’ai été un peu déçue par le 2ème volet. Est-ce un épisode de transition ? Combien d’épisode va compter votre série ?
Claire DeLille : J’ai eu beaucoup de doutes en écrivant ce deuxième volet. Dès le début, je savais que cette suite se ferait comme ça, mais dans mon esprit, le second épisode allait jusqu’à ce qui s’avère être la fin du troisième. Il était cependant bien trop long. Faire un premier épisode de 23 pages et un deuxième de près de 60, cela n’était pas possible. J’ai donc décidé de le couper en deux. Cet épisode, bien que moins passionnant, peut-être, était incontournable, pour bien mettre en place les protagonistes et donner les explications (ou un début d’explication) nécessaires pour la suite. Donc, oui, on peut le considérer comme un épisode de transition.
J’ai beaucoup pensé aux lecteurs en écrivant. Je me demandais ce qu’ils attendaient de cette suite. J’avais peur qu’ils ne soient déçus, ce qui est le risque majeur avec une série dont le premier épisode a plutôt bien marché. On attend beaucoup de la suite. Et dans la mesure où l’on n’a pas toute l’histoire, on a le temps de l’imaginer comme on l’entend. Un esprit n’étant pas un autre, il y a automatiquement des couacs… Cela m’est arrivé en tant que lectrice, je sais ce que c’est. Mais c’est le jeu. Il est très difficile pour un auteur de jongler entre ce qu’il a dans la tête, ce qu’il a envie d’écrire et ce que ses lecteurs attendent de lui.
De la même manière que je ne savais pas comment serait reçu le premier volet, je ne sais pas si les prochains épisodes répondront à toutes les espérances… Avoir des lecteurs et me « frotter » à la critique est une première pour moi. Néanmoins j’irai au bout de cette expérience formidable.
La série « Ceux qui attirent » comportera 5 épisodes dont les deux derniers sont encore en cours d’écriture. J’avais aussi l’idée d’une nouvelle « bonus » qui reprendrait le duo Anelyse/Réno avant qu’ils ne découvrent leur nature.
VanouVousLivre : Comment êtes-vous passée de l’écriture à l’édition ?
Claire DeLille : Je dirais que cela s’est fait tout en douceur. Moi qui n’avait jamais osé présenter mes textes à des maisons d’édition, je me suis retrouvée à écrire cette série avec le sentiment qu’il était temps que je me lance. De mes rencontres sur le net, j’ai créé quelques liens et approchés quelques éditeurs. La collection « Rencontre » des Editions Artalys me semblait correspondre exactement à mon texte, je l’ai donc envoyée et à ma plus grande joie, il a été retenu. Je remercie d’ailleurs chaleureusement Serge Papillon de m’avoir donné ma chance.
VanouVousLivre : Etes-vous l’auteur d’autres nouvelles ou romans ? Si oui lesquels ? Si non, avez-vous d’autres projets en cours d’écriture ?
Claire DeLille : Je suis auteur de pas mal de nouvelles, oui. Mais je ne les ai pas encore soumises à la publication. Ce sont des textes courts, même pour des nouvelles, et dans ce domaine, ce n’est pas évident de faire sa place. Écrire ces textes a été (et est encore) très formateur pour moi. Je pense qu’il faut beaucoup de travail, de remise en question, d’essais, de réécriture et même d’échec pour avoir le recul nécessaire et donner le meilleur de soi. Je continue donc à participer à de petits concours d’écriture entre amis. C’est sans prétention. On se fait plaisir, on s’entre-aide et l’on progresse.
J’ai aussi des projets plus ambitieux. Quelques idées de nouvelles érotico-fantastiques d’abord (qui ne feront pas l’objet d’une série cette fois), ainsi qu’un roman qui m’a été inspiré lors d’un récent voyage : une histoire d’amour compliquée, dans laquelle il ne devrait pas y avoir de surnaturel, pour une fois. Ce sera, là encore, une nouvelle expérience pour moi et j’espère que ce roman trouvera ses lecteurs.
VanouVousLivre : Un dernier mot ?
Claire DeLille : Je pense avoir déjà bien parlé, là, non ? Que dire d’autre sinon : longue vie à la rubrique « Un Auteur à la Une » !
VanouVousLivre : Encore merci pour ce temp accordé. J’ai hâte de lire la suite des aventures d’Anelyse.
Claire DeLille : De rien, j’ai trouvé ce petit moment très sympathique. Et ce fut un plaisir de répondre à vos questions. J’espère que les prochains épisodes vous plairont.
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