Réparer les vivants

22/06/2014 19:04

 

 

"Le coeur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d'autres provinces, ils filaient vers d'autres corps". Réparer les vivants est le roman d'une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d'accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le coeur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l'amour.

 

Mon avis :

 

Au détour d’une brocante je n’aurai pas imaginé trouver ce roman de la rentrée littéraire de janvier 2014 . Maylis de Kérangal est une auteure dont j’entendais parler depuis quelques mois et qui éveillait ma curiosité. Merci à ce brocanteur, qui pour 1€ m’a permis d’assouvir ma curiosité de lectrice.

 

Il est vrai qu’au premier abord, l’aspect de la couverture n’est pas très attrayant. Tout ce blanc et cette petite photo représentant quelqu’un sous l’eau. C’est épuré et attire peu le regard finalement. Je suis-je l’avoue plus sensibles aux superbes couvertures que l’on voit dorénavant sur les étals des libraires. Ce roman va dénoter dans ma bibliothèque et finalement c’est aussi cela qui donne envie de l’attraper…

 

Clairement ce n’est pas un coup de cœur même si je l’avoue Maylis de Kérangal est parvenue à me tirer une larme au milieu du livre grâce à une plume très particulière. « Réparer les vivants » c’est l’histoire de Simon et des étapes qui jalonnent le processus d’une transplantation cardiaque notamment. Le sujet est le don d’organe en général et nous passons 24h avec le jeune homme de 19 ans, sa famille, le personnel médical et la receveuse de son cœur.

 

L’auteure possède une plume unique ou tout du moins le type de plume que je n’avais encore jamais croisé. Il faut savoir que Maylis de Kérangal n’a pas choisi une forme classique pour nous raconter cette épopée, mais celle d’une chanson de geste (poème narratif). Pas de dialogues, mais de longues phrases et paragraphes où il est parfois difficile de reprendre son souffle. Peu de points, parfois des virgules, l’auteure écrit d’une plume apnéique et transcendante. Chaque mot est choisi et pèse sur l’histoire.

 

Le thème est sensible et est traitée avec honnêteté et délicatesse à la fois. Les émotions sont brutes et décrites sans chichi. L’aspect médical est précis. Les sentiments disséqués. L’intégrité du corps et de l’esprit est très bien dépeinte, mise en mot.

 

J’aime découvrir de nouveaux auteurs, rencontrer de nouvelles plumes. J’ai été servi avec cette écriture quasi extra-terrestre ! J’ai mis un moment à m’y adapter et malheureusement ne suis pas parvenue à m’y faire totalement.

 

Parfois émue, parfois ennuyée, j’ai alterné les phases, mais je souligne la qualité des recherches de l’auteur sur ce sujet souvent controversé ou tout du moins qui pose question.

 

De ce livre il me reste une plume atypique que je suis heureuse d’avoir découverte sans en être tombée amoureuse.

 

Editions : Verticale

Auteure : Maylis de Kerangal

Pages : 288

Prix : 18,90e  


 

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