Je suis flic, et à part une petite bizarrerie et un sérieux manque de sex-appeal dont je me passerais bien, ma vie est plutôt sympa. Mais un soir tout vole en éclat. Traquée par des types bizarres, je me retrouve baby-sittée par mon nouveau boss, un type beau à tomber aux instincts meurtriers peu rassurants, qui semble éprouver à mon égard une allergie aussi violente qu'inexplicable. Alors, telle Alice, je plonge dans le terrier du lapin blanc ; sauf que, dans mon cas, la curiosité n'y est pour rien : mon imbuvable garde du corps m'y a poussée. Bien décidée à retrouver ma vie et les miens, je rue dans les brancards, mais les échos d'une prophétie plus vieille que le monde pourraient bien finir par me rattraper et m'en empêcher. Je vais tout faire pour me sortir de ce guêpier, même si, je dois bien l'admettre, il y a quelques compensations : des beaux mecs comme s'il en pleuvait. Et dire que je me plaignais que mon carnet de bal était vide…
Pièce maîtresse d'une lutte de pouvoir immémoriale, entraînée au cœur d'un tourbillon de violence et de sang, Jana découvre peu à peu que tout ce qu'elle croyait savoir n'est qu'un leurre, et que la frontière entre les bons et les méchants n'est peut-être pas aussi tranchée que ce qu'en disent les traditions millénaires.
Mon avis :
Avant même d’entrer dans le vif du sujet, rendons hommage à cette sublime couverture signée par Alexandra V. Bach. L’héroïne y est représentée dans une tenue reliée à une scène du livre et j’ai parfaitement pu projeter l’image de Jana sur cette jeune femme. Petite note également sur le sous-titre qui m’a interrogé : LA geste des Exilés. Le féminin m’a interpellé car je ne connaissais pas son existence. Pour ceux qui comme moi n’ont pas un dictionnaire intégré voici la définition de ce mot : « ensemble de longs poèmes, composés entre le XIème et le XIVème siècle, où sont chantés les hauts faits de personnages historiques ou légendaires. »(Larousse). C’est au fil des pages que nous comprenons le sens de ce sous-titre rassurez-vous.
L’ouvrage faisant 417 pages, les marges étant assez fines ; la police petite et le format assez grand, ma lecture fut assez longue. Je dois avouer avoir été quelque peu déroutée par les débuts de chapitre sur la page de gauche et non pas sur celle de droite comme d’ordinaire. Un peu de changement ne fait pas de mal mais pour ma part, j’ai trouvé cela gênant.
A présent, parlons véritablement du contenu du roman de Bettina Nordet. Ayant lu plusieurs chroniques positives sur « Pacte obscur », je me suis décidée à l’acheter lors d’un salon (dommage l’auteure n’était pas présente donc pas de dédicace snif !). Je ne vais pas vous cacher ma petite déception qui je pense a également contribué au fait que j’ai mis un certain temps pour le terminer. Pourtant, tous les ingrédients sont présents pour faire de ce roman un coup de cœur. Une histoire très originale, des personnages divers et variés et une écriture tout simplement parfaite. Malheureusement, la mayonnaise n’a pas prise cette fois.
Bettina Nordet m’a par contre véritablement conquise par sa plume percutante. De l’humour a foison, des réparties cinglantes, un vocabulaire riche qui m’a permis d’apprendre (et oui encore lol) des nouveaux mots...
Je peux dire que tout avait bien commencé ! Les premières pages m’ont totalement happée. Cette histoire de pédophiles, de jeunes femmes qui les détectent grâce à sa simple présence et leur fait avouer tous leurs crimes… J’ai adoré ! Et puis c’est un peu retombé, l’auteure ne m’a pas tenue en haleine avec cette histoire, la laissant de côté au profit d’une multitude de révélations qui jalonnent l’intrigue et qui surprennent le lecteur à chaque fois. De l’action il y en a à profusion surtout au début ! On se demande même si cela va s’arrêter à un moment ! Mais rassurez-vous, l’auteure nous permet de reprendre une petite bouffée d’air à un moment donné.
Parlons un peu de Jana justement. Je l’avoue, elle m’a agacée autant qu’elle m’a plu mais le hic c’est que je n’ai pas réussi malgré le point de vue à la première personne, à m’attacher à elle. Pourquoi est-elle si volcanique intérieurement, si drôle, mais que ces mots ne franchissent jamais ses lèvres ? En fait, Jana a de grands dialogues intérieurs, des sacrés coups de gueule même que j’ai adoré, mais cela s’arrête là… Elle dit rien la petite ! Elle se laisse faire ! Elle accepte d’être baladée par Conan le Barbare (ah non pardon il s’appelle Kell De Monio !) comme si elle était une vulgaire barbie (bon ok parfois elle n’avait pas le choix mais quand même !). Cela m’a frustrée. J’avais parfois envie de la secouer mais bon vu que mon lapin avait déjà entamé la couverture je n’allais pas maltraiter encore plus le livre… Notons quand même que l’héroïne subit de nombreux chocs et que cela peut expliquer son absence de réaction. Sans doute est-elle sidérée ?
En revanche, si vous êtes friands de légendes vous allez être servi ! Pour ma part j’adore cela. Bettina Nordet revisite ici avec énormément de références, de nombreuses histoires. Le bémol pour moi a été la manière un peu « magistrale » d’apprendre en même temps que Jana (en même temps c’était dans le cadre d’un cours dispensé à la jeune femme), l’Histoire du lieu où elle a atterrit et de ses habitants (non je ne vous dirai rien ce serait vraiment tout gâcher !). Ce fut plutôt indigeste et j’ai du relire plusieurs fois les passages pour comprendre. Un peu comme quand on apprend une leçon en fait… Dur dur. Je me suis même surprise à revenir en arrière pour dénicher dans le long passage de type conférence, les informations qui m’échappaient par la suite.
En ce qui concerne les personnages, je crois que je suis amoureuse de Phen et de Mayron, que je déteste Kell (enfin je l’emmènerai bien à l’Eglise et vous comprendrez pourquoi en lisant le roman), que j’exècre Lauriah et son mari, que je vénère Mehabel… Une foule de personnage croise le chemin de Jana et finalement je les ai tous trouvé plus intéressants que Jana elle-même. Pourquoi ? Car ils ne sont pas tout blancs ou tout noir, qu’ils nous mettent le doute sur leurs intentions. Sans doute cela est-il du au fait que nous sommes dans la tête de Jana et non pas dans la leur… Les romans à la première personne nous font parfois tomber dans ce piège. On sait tout de Jana et donc cela la rend moins énigmatique… En revanche, Kell est double (et pas qu’un peu), Phen et Mayron sont mystérieux…Etc.
Le point positif, les dernières pages ont ravivé mon intérêt ! Bah oui quand même… Bettina Nordet a su me raccrocher sur la fin. Et puis pour tout vous dire, c’est vrai que ce n’est pas un coup de cœur, que Jana ne me plaît pas plus que cela, mais à dire vrai, je suis fascinée par la mythologie et les personnages secondaires sont si intéressants que je ne pourrai pas me contenter d’un seul tome. Je lirai bien évidemment la suite.
Editions : Le chat Noir
Collection : Féline
Auteure: Bettina Nordet
Pages : 417
Prix : 19,90€
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