L'ombre du vent COUP DE COEUR

16/02/2014 20:27

 

Dans la Barcelone de l'après-guerre civile, " ville des prodiges " marquée par la défaite, la vie difficile, les haines qui rôdent toujours. Par un matin brumeux de 1945, un homme emmène son petit garçon - Daniel Sempere, le narrateur - dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le Cimetière des Livres Oubliés. L'enfant, qui rêve toujours de sa mère morte, est ainsi convié par son père, modeste boutiquier de livres d'occasion, à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y " adopter " un volume parmi des centaines de milliers. Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie, le marquer à jamais et l'entraîner dans un labyrinthe d'aventures et de secrets " enterrés dans l'âme de la ville " : L'Ombre du vent.

 

 

Mon avis :

 

Cette lecture commune avec Lovereading (lien à la fin de l'article) fut assez longue. J'aurai mis 15 jours environ pour venir à bout de cette oeuvre. Certains pourraient se dire que je n'ai pas accroché avec l'histoire, sinon je l'aurai dévoré d'une traite, mais ils seraient dans l'erreur. Le manque de temps est en partie responsable, mais l'autre raison vient du fait que "L'ombre du vent" est un roman qui se déguste, qu'il faut prendre le temps de lire sans se hâter, au risque de passer à côté de l'essence même de l'histoire, de l'ambiance.

 

Je vous annonce donc que ces heures à déchiffrer la plume de Calos Ruiz Zafon furent de réels moments d'évasion. C'est en lisant ce genre de roman que je sais pourquoi j'aime autant la littérature. Les mots de l'auteur ont agi sur moi progressivement, me faisant lentement voyager dans le temps et dans l'espace, m'apprivoisant pour me rendre docile et incapable de penser à autre chose qu'à ce livre. Carlos Ruiz Zafon m'a mis dans le même état que Daniel avec le livre de Julian Carax... Quelle belle mise en abyme. Rendre le lecteur dépendant d'un livre qui raconte l'histoire d'un lecteur dépendant d'un livre portant le même titre : "L'ombre du vent"...Si c'est pas de l'art ça!

 

Carloz Ruiz Zafon nous emmène dans le Barcelone de l'après seconde guerre mondiale. Nous suivons Daniel Sempere, le fils d'un librairie. Ce dernier lui a fait découvrir le Cimetière des Livres oubliés, ou Daniel doit choisir un seul et unique livre qu'il devra protéger tout au long de sa vie. Seulement voilà, Daniel commence a nourir une obsession pour l'auteur du roman qu'il a déniché : Julian Carax. Le petit garçon de 8 ans n'aura de cesse de vouloir découvrir qui est/était le mystérieux auteurs de "L'ombre du vent", ayant publié d'autres romans mais n'ayant rencontré aucun succès. Le mystère est d'autant plus intriguant qu'un homme dans l'ombre, s'évertue à brûler tous les exemplaires des romans de Julian Carax. Il entre en contact avec Daniel pour faire de même avec le livre qu'il a juré de protéger.

 

L'intrigue s'étale sur une dizaine d'année en ce qui concerne Daniel et le roman prend donc des aspects de récit initiatique. Le jeune homme connaîtra les affres de l'amour, les premiers émois et les premières déceptions...etc. Son histoire semble s'imbriquer dans celle de celui qu'il pourchasse au fil des ans. Julian Carax est comme un personnage mystique, presque irréel et Daniel prend des risques énormes en déterrant les fantômes du passé de cet homme qui semble maudit. Ainsi, Carlos Ruiz Zafon nous ramène parfois de longues années en arrière par le biais des souvenirs, pour nous permettre de retisser un à un les fils de l'histore tragique de Julian.

 

L'enchevêtrement des intrigues est sublimement bien mené et on ne se perd pourtat pas dans cet imbroglio de personnages sombres aux secrets inavouables. Nous sommes enrôlés au coeur des histoires de vie brumeuses de Daniel,Fumero, Miquel, Nuria, Pénélope, Fermin, Jacinta... et bien d'autres. Un pannel de personnages incroyables ayant tous en commun d'avoir été abîmé par la vie. Chacun a croisé la route de Julian de près ou de loin et Carlos Ruiz Zafon s'attache au fil des pages à faire du lien entre tous. Il n'oublie pas de nous dépeindre également un contexte historique corrompu et sanglant: le Franquisme, où la torture, la délation était monnaie courrante.

 

C'est un livre épais, 668 pages, et l'auteur n'a pas meublé. Chaque mot est juste, poétique. Chaque dialogue est intense. Chaque description a du sens et il est clait que l'auteur fait de la ville de Barcelone, l'une des héroïne de l'histoire. C'est une vieille femme qui posède comme ses habitants des secrets enterrés qu'il vaut mieux ne pas s'amuser à révéler. Seulement Daniel, dans l'insouciance de sa jeunesse, possède ce vilain défaut et à la fois cette qualité qui permet de vivre intensément : une curiosité insatiable.

 

"L'ombre du vent" est ma première rencontre avec l'auteur espagnol et on peut dire que ce dernier sait raconter les histoire d'amour tragiques. Carlos Ruiz Zafon m'a conquise. J'ai savouré ma rencontre avec tous ses protagonistes, ayant un faible pour Fermin, le clochard tiré de la rue et qui devient le meilleur ami de Daniel, celui qui a tant subi et qui pourtant sait incontetablement profiter de chaque seconde supplémentaire que la vie lui accorde. J'ai également été fascinée par Nuria, cette femme fatale, si désirée, si désirable, qui se consume d'un amour impossible. Je me suis sentie proche d'eux, car ils m'ont raconté leur déboires et leurs espoirs. Ce n'est pas seulement l'histoire de Daniel, ni celle de Julian, c'est celle d'une panoplie d'individus à qui l'auteur a su donner vie, leur donnant une existence, une profondeur telle que je ne peux les qualifier de personnages secondaires.

 

En clair vous l'aurez compris, je suis déjà nostalgique de l'écriture de Carlos Ruiz Zafon et de son univers presque fantastique, surréaliste, tant et si bien que je me suis déjà procurer le second volet de la trilogie dont "L'ombre du vent" est le premier volet : "Le jeu de l'ange".

 

En espérant vous avoir donné envie de vous plonger dans ce pavé qui peut impressionner au premier abord mais qui, si vous en avez envie, vous embarquera au coeur de la vie de personnages marquants. Tout cela servit avec une plume magique, métaphorique.

 

Un petit mot pour la converture : elle est brumeuse, légèrement floue et représente je pense Daniel et son père en route pour le Cimetière des livres oubliés. En fond je crois distinguée l'ombre de la Sagrada familia. Une couverture réussie qui colle au contenu.

 

L'avis de Reading Love

 

Editions: Pocket

Auteur: Carlos Ruiz Zafon

Pages: 668

Prix: 8,10€

 

 

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