Les déviants

Paris, France, 2022, Tyler et Alexandre vivent en couple depuis plusieurs années lorsque le Lord arrive au pouvoir. La France s'assombrit et bientôt l'Europe toute entière sombre dans un chaos indescriptible. « Les Déviants » sont fichés, interpellés, privés de leurs droits et petit à petit, on voit leur nombre diminuer. « Les Déviants » sont les hommes qui aiment les hommes, les femmes qui aiment les femmes... Ils sont devenus des cibles, des sous-hommes, et la traque a déjà commencé. Fuir est une possibilité, mais le secret que les deux jeunes hommes gardent dans leur cœur, les retient dans l'ancienne Ville Lumière... Prêts à tout pour le protéger, ils mettront leur vie en danger. Pour l'Amour, contre l'Injustice.

Mon avis :

                J'ai acheté ce roman bien qu'il ait été en lecture libre sur internet avant sa parution papier.  Westley Diguet, au regard de l'engouement pour cette histoire, a décidé de l'éditer (en édition limitée et numérotée) et de reverser une partie des bénéfices à l'association « Le Refuge » venant en aide aux jeunes homosexuels rejetés et sans ressource. L'auteur, qui ne cache pas son homosexualité a semble-t-il voulu avec « Les Déviants », dénoncer les dérives vers lesquelles pourraient tendre l'intolérance/l'incompréhension face à ces personnes qui comme tant d'autres ne demandent qu'à vivre sereinement.

                Tout d'abord, un petit mot sur la couverture qui est tout simplement superbe. Ce dessin est très touchant et Nicolas Jamonneau a su parfaitement retranscrire une des scènes les plus importantes du livre. Mon seul regret ? Elle révèle LE secret de nos protagonistes et il n'y a donc aucune surprise lorsque le moment de LA révélation arrive.

                A présent, il est temps de vous donner mon avis général concernant ce petit roman engagé. On peut dire que j'ai passé un bon moment, mais que je suis très loin d'avoir été touchée par les mots de l'auteur. Bien entendu, le sujet en lui-même pourrait suffire à aimer ce livre, la démarche également, mais j'en attendais beaucoup plus et j'ai donc été plutôt déçue.

                Pourquoi ? Et bien, je n'ai pas été émue comme je m'y attendais. Tous les avis que j'avais survolés me promettaient d'être bouleversée, véritablement touchée, et malheureusement il n'en a rien été. J'insiste sur le fait que bien entendu le thème est fort car il met en scène une société dans un avenir très proche où les homosexuels (gays, lesbiennes, bi, transsexuels) sont fichés, traqués puis exterminés. Imaginer un contexte social de ce genre est juste abominable en soit. Seulement, pour moi, Westley Diguet n'est pas parvenu à me convaincre.

                Le parallèle avec le génocide Juif de la Seconde guerre mondiale est utilisé presque à outrance, tant que cela a fini par m'agacer. J'avais l'impression que l'auteur avait simplement remplacé les juifs par les homosexuels ( qui eux aussi ont été largement touché durant la Seconde Guerre mondiale) : fichage, milice, Résistance, Signe distinctif ( ici un tissu rose ... ), déportation et réouverture d'Auschwitz . Bref, pour moi il n'y avait pas d'originalité, seulement une retranscription d'un drame innommable sur une autre « catégorie » de la population comme on pourrait le faire avec tant d'autres.

                Ensuite, l'histoire d'amour entre Tyler et Alexandre est bien sûre très belle et le secret que les deux hommes protègent (bien qu'on le devine dès la couverture), vaut tous les sacrifices du monde. Pourtant, pas de frissons. Pas de larmes aux yeux. J'ai lu d'une traite sans m'émouvoir particulièrement.  Les mots de Westley Diguet ne m'ont pas touchée. Je n'avais jamais lu de romance M/M et je dois dire ne pas avoir été convaincue au-delà du fait que forcément je ne pouvais m'identifier aux personnages masculin (notamment lors d'une scène de rapports sexuels).  Je ne suis pas une lectrice de romance pour le côté parfois trop « fleur bleue » qui y est décrit. Ici, j'ai malheureusement été par moment agacée par des tournures hyper romantiques voire trop... Mais ça, je sais que cet effet est le même chez moi que ce soit avec des romances dites classiques et  il n'est pas étonnant que ma réaction soit identique avec la M/M.

                On sent que Westley Diguet a voulu dénoncer des dérives, voire faire de la prévention quant aux débordements que pourraient engendrer certains comportements contemporains au regard de l'Histoire. L'engagement est là, la volonté de soutenir, de défendre, de briser des tabous aussi, mais il m'a manqué un aspect fondamental : y croire.

                Bref, la lecture fut fluide, rapide, le sujet engagé et intéressant, mais le traitement n'a pas fonctionné sur moi. Je retenterai malgré tout de lire une romance M/M afin de me faire une autre idée.