Le soleil à mes pieds

18/10/2015 19:18

Il y a la petite, 22 ans, un âge comme deux cygnes posés sur un lac. Fragile et ravissante, elle peine à se jeter dans le grand monde et se réfugie dans la solitude de son appartement. 
La grande, 24 ans, s'agite dans la ville : nymphomane, tyrannique et machiavélique, fascinée par la mort, elle se nourrit de la dépendance affective qu'elle impose à sa cadette. 
Deux sœurs qui ont grandi avec un terrible secret et qui, dix-huit ans plus tard, se démènent pour tenter d'exister. 
Le sort semblait avoir scellé leur destin, mais les rencontres quelquefois peuvent rebattre les cartes. 


Mon avis :

Delphine Bertholon est une auteure que j'ai découverts avec « Les corps inutiles » pour lequel j'ai eu un gros coup de cœur il y a quelques mois. « Le soleil à mes pieds » est un coup de cœur égalementtant la plume de l'auteure a su me faire ressentir les émotions de ces deux sœurs.

Il y a la grande et la petite, dont on apprend les prénoms qu'à la fin. La petite est une petite chose fragile dont l'existence aseptisée semble contrôlée par la grande. Les deux sœurs ont un passé difficile, une histoire qui m'a rappelé celle de certains enfants dont j'ai eu à m'occuper en foyer en tant qu'éducatrice.

Avec ce roman, Delphine Bertholon nous livre le point de vue de la petite, pour qui on compatie. La grande est tyrannique, maltraitante psychologiquement. On se prend à détester ce personnage si machiavélique, profondément dérangé, instable, morbide. Mais mes yeux d'éducatrice ont vu autre chose. Bien entendu qu'une profonde empathie s'est développée pour cette « petite »si fragile, traumatisée par des évènements tragiques et qui a subit l'influence de cette « grande ». Seulement, justement,  « la grande » a subit le même traumatisme qu'elle. La seule différence est qu'elle n'a pas réagit de la même manière.

Chaque être humain développe des mécanismes de défense qui lui sont propres. Certains génèrent l'empathie et d'autres amènent le plus grand monde au rejet. « La grande » a rejeté et a été rejetée toute sa vie, et même si le point de vue est celui de « la petite », Delphine Bertholon parvient au-delà des mots, entre les lignes, à nous faire percevoir la souffrance de « la grande ».

C'est habile. C'est juste. On assiste à la lente éclosion de « la petite » et on devine l'autodestruction chez « la grande ». Sans en dire davantage, la seule chose à savoir est que ce petit roman est une pépite. La plume fine, tantôt tendre, tantôt abrupte de Delphine Bertholon m'a de nouveau ravie. Je suis bien partie pour dévorer sa bibliographie. C'est ce genre d'histoire et de plume qui me font tant aimer la lecture.


Editions : Le livre de poche

Auteure : Delphine Bertholon

Pages : 165

Prix : 5,90€


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