La voleuse de livres

01/04/2014 18:40

 

Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort.

Et, parmi eux, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité.
Liesel Meminger y est parvenue.
Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s'est arrêtée.

Est-ce son destin d'orpheline dans l'Allemagne nazie qui lui a valu cet intérêt inhabituel ?

Ou bien sa force extraordinaire face aux événements ? A moins que ce ne soit son secret... Celui qui l'a aidée à survivre.

Celui qui a même inspiré à la Mort ce si joli surnom : la Voleuse de livres...


 
Je me suis procurée ce roman au Salon du Livre 2013 et c'est seulement aujourd'hui, alors que le SDL 2014 vient à peine de se terminer, que j'ai décidé de le sortir de ma PAL. A cela, plusieurs raisons : la sortie du film il y a de cela un mois environ, et une vraie curiosité à l'idée de lire un roman dont la narratrice serait la Mort en personne. Depuis un an, j'ai été happée par de nombreuses lectures, mais il était temps que ce livre soit lu. Lorsque est venue la dernière page, je me suis dit : c'est un coup de coeur! Les émotions m'ont submergées sur la fin et j'étais totalement subjugée.
 
Avec deux jours de recul, je suis un peu plus critique car moins dans l'intensité du moment. La certitude est que j'ai passé un excellent moment emrunt d'émotion, en compagnie de la Mort (étrange n'est-ce pas?), mais que parfois malgré tout, je l'ai trouvé un peu ennuyeuse. Cela ne vient en rien entacher mon profond sentiment d'avoir lu un livre excellent, mais il y un petit mais...
 
Toute l'originalité du livre repose sur le fait que Markus Zusak n'a pas choisi n'importe qui pour nous raconter l'histoire de la petite Liesel Mminger. L'auteur s'est mis dans la peau, si l'on puit dire, de la Mort elle-même. Cela aurait pu rendre cette histoire très glauque, et pourtant, nous sommes loin de l'idée que le commun des mortels se fait souvent de la Mort. Je l'ai trouvé très humaine cette Mort finalement. Soucieuse de prendre soin des âmes qu'elle vient cueillir. Et puis elle rencontre par hasard Liesel en venant prendre l'âme de son petit frère.
 
Ainsi, la Mort nous raconte qu'elle a rencontré plusieurs fois Liesel au cours de son enfance. On se doute des occasions qui l'ont conduite à revoir la jeune fille... Alors comment connait-elle toute sa vie? Car Lisel l'a écrit bien sûr...
 
Là aussi, Markus Zusak verse dans l'originalité. Car la Mort nous dévoile presque toute l'histoire avant qu'elle n'est lieu. Nous savons d'avance quel sort sera réservé au personnages. Etrange non? Et bien cela tient au fait que la Mort n'est pas fan du suspens, des surprises. Elle préfère mille fois plus découvrir comment les évènements se sont enchaînés pour que les choses en arrivent à telle ou telle issue. Du coup, cela peut donner une impression qu'il ne se passe rien même si cela n'est pas entièrement vrai car en réalité de nombreux évènements se déroulent sous nos yeux. Certains sont explicités et d'autres non. La montée du nazisme est par exemple très subtilement décrite.
 
"La voleuse de livres" se déroule au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Le contexte historique me touche particulièrement et l'émotion qui se dégage de cette époque est retranscrite à merveille par l'auteur. J'ai été véritablement émue par Max, le juif caché à la cave dont on découvre l'histoire illustrée. La sensibilité, l'humanité et la bonté sont décrites au beau milieu d'une guerre où l'horreur absolue s'est produite.
 
L'univers est gris, triste et affamé, mais malgré cela les personnages sont hauts en couleur. Les parents nourriciers de Liesel, Hans et Rosa sont des modèles de bonté d'âme. J'aime tout particulièrement Rosa qui sous ses airs de femme bourrue au langage charretier, cache au fond d'elle, un coeur énorme. Quant à Hans, c'est un père doté d'une patience tranquille qui apprendra à lire à Liesel chaque nuit. Et il y a aussi Rudy, celui qui rêve d'embrasse Liesel et qui est son meilleur ami. En bref, des personnages si attachants que j'ai versé une petite larmes pour chacun....
 
Car ce roman c'est aussi l'histoire de l'apprivoisement des mots par une petite fille. Liesel aime lire et pas n'importe quoi. Ses livres ont une histoire. Elle vole le premier un peu malgré elle, et puis elle y prend goût doucement, en découvrant le plaisir de la lecture.
 
Ce roman est atypique. Le style d'écriture est assez particulier et la forme elle-même sort des sentiers battus. Il y a des chapitres et des sous chapitres qui sont énoncés comme les scènes d'une pièce de théâtre. Et puis il y a les petits apartés de la Mort, qui nous explique certains mots, nous dit que tel personnage connaîtra une triste fin...Etc. J'ai été un peu déroutée au début, me demandant si j'allais parvenir à m'habituer à ce type de récit, et puis finalement j'y ai pris goût. La Mort et Liesel savent manier les mots avec tendresse et lucidité.
 
Pour conclure, je dirai que "La voleuse de livres" est un ovni littéraire et je rejoins le fait que ce roman peut être lu par des adultes et des adolescents. J'ai hâte de voir le film afin de voir ce que le 7ème Art a pu faire de cette oeuvre.
 
Editions: Pocket
Auteur: Markus Zusak
Pages: 633
Prix : 8,10€
 
 

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