Pour Sibel qui se consacre entièrement à la danse, le quotidien est un perpétuel ballet. Pourtant, tout bascule le jour où son lien à l’Art est coupé : on l’isole de ses sœurs, on lui refuse l’existence qu’elle aime tant dans cette communauté composée exclusivement de femmes.
En tâtonnant pour retrouver tout ce qu'elle a perdu, elle entend des rumeurs,
découvre des secrets propres à bouleverser sa conception du monde.Mais alors, si la vie n’est qu’un immense théâtre,
pour qui Sibel danse-t-elle ? Et surtout, que se trame-t-il en coulisse ?
Peut-être cet étranger au sourire narquois qui se définit comme un « homme » et ne lui parle que de Science pourra-t-il lui apporter des réponses. L’aidera-t-il à franchir l’enceinte qui délimite l’univers qu’elle a toujours connu ?
Découvrez le mystère qui se cache là-bas, de l’autre côté du mur…
Mon avis :
J'aimerai dans un premier temps évoquer la couverture de ce livre que je trouve véritablement sublime. Les couleurs sont chaudes, y sont représentés un homme et une femme en route pour "De l'autre côté du mur". Je ne possède pas beaucoup de livre en grand format, car ils prennent de la place et sont assez chers malheureusement, mais celui-ci devait finir dans ma bibliothèque rien que pour l'objet d'art qu'il représente. Pour ne rien gâcher, j'ai agalement un marque-page à l'effigie du roman et tout était donc parfait pour cette lecture.
Je peu d'emblée vous dire que le roman d'Agnès Marot n'est pas un coup de coeur, mais qu'il reste néanmoins une très belle découverte. Le coup de coeur aurait pu avoir lieu mais malheureusement, j'ai eu des difficultés à entrer dans l'histoire jusqu'à bien la moitié du livre. La seconde moitié m'a totalement ravie et je l'ai dévorée d'une traite pratiquement, mais je ne peux donc dire que j'ai été tenue en haleine tout du long. Le démarrage a été laborieux et bien que l'auteure ait créé un univers très original, l'héroïne ne m'était pas très sympathique jusqu'à sa vraie rebellion finalement.
De plus, il est à noter qu'Agnès Marot nous offre ici, une plume très poétique, emprunte de délicatesse, de féérie presque, et bien que cela soit très beau, j'ai été parfois agacé par l'aspect enchanteur qui selon moi désservait l'histoire au profit d'une écriture parfaite. C'est paradoxal je sais car on demande à un auteur de nous transporter avec sa plume, mais là, la magie n'était pas au rendez-vous. Agnès Marot s'attèle à nous décrire un univers où l'Art est une entité vivante, qui prend possession des corps des Filles et les amène à repousser leur limite. Elle décrit tout ce processus de manière très émotionnelle, très imagée, et pour ma part, cela a ralentis le récit, lui faisant perdre de son rythme. Car n'oublions pas que "De l'autre côté du mur" est une dystopie Young Adult et qu'en ce sens, je m'attendais à lire un roman avec une cadence plus prononcée. Ce "problème" qui peut ne pas en être un pour bon nombre d'entre nous car nous n'avons pas tous les mêmes attentes, s'est résolu pour ma part dans la seconde moitié du roman. Agnès Marot m'a fait vivre des moments intenses, des moments de grâce même qui ont même parfois mis à l'épreuve mes glandes lacrymales...
Je ne vais pas vous dévoiler toute l'histoire et plutôt tenter de vous donner envie de découvrir ce roman en vous en donnant les thèmes principaux. "De l'autre côté du mur", c'est un hymne à la Liberté, au libre-arbitre, mais aussi une ode à la danse et même à l'Art en général que l'auteure à élevé au rang de Magie. Sibel vit dans un monde où il n'y a que des Filles et des Mères. Elle se consacre à son Art : la danse. Sa meilleure amie Aylin est une peintresse qui n'y trouve pas son compte et préfère mille fois réfléchir à la manière dont fonctionnent les choses. Sibel ne la comprend pas, pour elle, son monde lui suffit et elle ne se pose aucune question qui pourrait venir perturber son équilibre. Seulement voila, un jour, Sibel qui vit en communion avec son Art, est touchée par une autre Fille. Elle croit que c'est la fin, que sa vie est fichue. Ce dont elle ne se doute pas, c'est qu'en réalité, sa vie commence tout juste et alors qu'elle croît disparaître, Sibel renaît dans les coulisse. Là, elle va découvrir l'enves du décors et des femmes très laides dont elle apprendra qu'on les appelle : les Hommes.
Dans ce roman, Agnès Marot nous raconte la danse. Ses descriptions sont magnifiques même si pour moi qui ne connait pas cet Art, j'ai parfois été un peu perdue. Elle crée un monde où les Hommes et les Femmes ont été séparé sans que l'on sache pourquoi ( rassurez-vous c'est expliqué à un moment), et où chacun vit dans l'ignorance totale de l'existence de l'autre. Cela donne il faut l'avouer, des scènes très comique dans le roman, où Sibel est sidérée par l'aspect d'Aslan, lui trouvant un physique ingrat, et des réactions incompréhensibles.
J'ai particulièrement aimé la manière dont l'auteure nous narre l'éveil à l'amour, un sentiment inconnu de tous, ou plutôt banni du vocabulaire. J'ai aimé que l'auteur nous montre que l'on peut empêcher aux humains bien des choses, mais que leur nature revient tôt ou tard et que les sentiments font partie de nous de manière inhérente. Pour cela, l'auteure met en scène les relation de Sibet avec Aylin, son amie de toujours, mais aussi avec Mère Leilan ou encore Rana et Pakise ( thème de l'homosexualité touchée du doigt). C'est Aylin le personnage que j'ai préféré dans la première partie car elle est rebelle et se pose des questions contrairement à Sibel qui m'agaçait par sa naîveté. C'est ainsi que l'on voit qu'Agnès Marot a su faire évoluer son héroïne au fil des pages, la menant de découvertes en désillusions et en la faisant grandir. Elle devient progressivement attachante car elle se réveille d'un sommeil qui la rendait aveugle et annihilait tout son libre-arbitre.
Ainsi, "De l'autre côté du mur", c'est un roman sur la rencontre de l'homme et de la femme, sur l'asservissement et l'affranchissement. Agnès Marot dénonce le totalitarisme et prône le choix, la volonté de savoir et de décider la manière dont on souhaite vivre et être heureux. La seconde partie m'a transportée, fait vibrer et trembler sur le sort des personnages.
Quant au personnage d'Aslan, il est parfois agaçant et protecteur comme peuvent l'être les hommes...
Il y a également une pointe de fantastique, de magie même dans la manière dont l'auteure aborde l'Art. Comme je le disais plus haut, elle en fait quelque chose de vivant, avec une volonté propre presque. En cela cette dystopie diffère de celle que j'ai vu, qui restait malgré tout ancrée dans une réalité plausible. Ici, Agnès Marot nous livre une histoire futuriste et un tantinet fantastique qui ôte à mon sens la part de "ça pourrait arriver" que j'aime trouver dans ce genre littéraire. C'est plutôt novateur et j'apprécie la démarche d'originalité.
Pour conclure, je dirai que ce roman fut une découverte intéressante et que la plume de l'auteure donne toute sa magie au récit même si j'ai préféré la seconde partie où l'action était davantage présente et les émotions plus intenses pour moi. Et puis quel bonheur de voir inscrit sur la dernière page, le mot FIN. Un roman unique, pas un début de saga interminable. Agnès Marot m'a conquise aussi pour ça. Sa volonté de nous raconter une histoire et à nous laisser imaginer la suite. Je vais pouvoir faire de beaux rêves et laisser mon imagnation inventer une suite où tous les possibles sont permis pour les personnages.
Editions : Le chat noir
Auteur: Agnès Marot
Pages: 302
Prix : 19,90€