Vanessa Terral


Vanou : Bonjour Vanessa, tout d'abord je te remercie de bien vouloir participer à cette petite rubrique. Dans un premier temps, peux-tu t'essayer à l'exercice difficile de la présentation ?

  Vanessa Terral : C'est moi qui te remercie de me permettre de parler de mon travail sur ton site !
  Houlà, je vais tenter... Donc, je m'appelle Vanessa, j'ai la trentaine et j'ai grandi en Féerie. De là, j'ai ramené mes premières histoires. Le contact avec le monde humain, en particulier la Ville lumière, m'a proposé de nouveaux récits, de nouvelles visions. À présent, je fais le grand écart entre notre monde quotidien, contemporain, et celui des mythes et des légendes murmurées au coin d'un feu ou dans l'ombre d'une forêt.

  Voilà ma vie ! Enfin, je crois...    ^__~
  Vanou : Tu écris essentiellement voire uniquement dans le registre de l'imaginaire, quels sont les auteurs t'ayant le plus influencée ? Peux-tu nous dresser un top 5 de tes incontournables ?
   
  Vanessa Terral : En effet, l'Imaginaire m'habite au point que j'ai du mal à m'en détacher... Dur dur de trouver cinq auteurs. Certains noms me viennent de suite : Neil Gaiman pour ses univers et sa façon d'actualiser les mythes et les contes dans notre monde à nous ; Lovecraft, parce qu'il s'agit d'un maître ; Pierre Dubois, autre grand maître et héraut des Bonnes Gens. Patricia Briggs, qui est arrivée plus tard dans ma vie et m'a influencée de façon plus subtile, par bien des aspects.

  Il nous manque une cinquième et dernière personne, c'est ça ? Je dirais, de manière générale, les auteurs de fantastique et les poètes du XIXe siècle : Edgard Allan Poe, Guy de Maupassant, Baudelaire, Paul Verlaine (plutôt pour son œuvre avant Sagesse)... C'est la culture que j'ai reçue à l'école qui m'a le plus marquée, qui a façonné mon style et mes goûts.
   
  Vanou : Je me demande souvent si le besoin d'écrire s'enracine très tôt chez les auteurs ou si c'est sur le tard que la passion naît. Tu es jeune. Es-tu tombée dans la marmite quant tu étais petite ? Raconte-nous un peu ton parcours d'écriture, on veut tout savoir !
   
  Vanessa Terral : Il y a toujours eu des histoires qui naissaient en moi. Deux grands déclics m'ont faite auteure : découvrir que les histoires peuvent être écrites (oui, quand on est tout petit, on ne réalise pas forcément que les aventures qu'on invente pour ses jouets puissent se retrouver sur le papier à leur tour), puis l'arrivée d'Internet, qui m'a permis de les partager avec des personnes que je ne connaissais pas. À peu près en même temps, j'ai suivi des cours d'écriture à la fac, sous la houlette de Pierre Jourde. Deux années qui m'ont beaucoup appris, avant de partir pour Paris où j'ai rencontré les fanzineurs mangas. De là, hop ! salto avant vers les fanzineurs de l'Imaginaire (ils se fréquentaient sur certains festivals, comme Harajuku) via la case de l'association MéluZine et j'en viens à mes premières soumissions à des appels à textes.

  Ma première publication fut dans le fanzine Borderline, et ma première publication rémunérée eut lieu grâce aux éditions Malpertuis, dans leur anthologie H.P.L. 2007. Depuis, j'ai eu la joie d'être publiée dans plusieurs anthos (Les Sombres Romantiques, Sorcières et Sortilèges, Le Lamento des ombres, Ghost Stories tome 1, Chants de Totems, Zombies et Autres Infectés...), quelques fanzines et webzines, et d'avoir droit à des nouvelles sorties exclusivement en numérique, en particulier au Chat noir, chez Láska et Voy'[el].
  En 2011, les éditions du Chat noir - justement - m'ont contactée car elles recherchaient un roman en format one-shot et, comme on avait déjà travaillé ensemble à plusieurs reprises, elles souhaitaient savoir si j'avais quelque chose à leur proposer. Il se trouvait que j'étais justement en train de travailler sur un nouveau projet. Je me suis dépêchée de le mettre au propre et de leur soumettre le synopsis. C'est ainsi qu'un an plus tard, est né L'Aube de la guerrière.

  Un an après sortait aux éditions du Petit Caveau le roman Cinq pas sous terre, paru dans un premier temps au format numérique, sous forme de feuilleton. Celui-ci, plus sombre et pessimiste (même si le chapitre bonus rattrape le coup), se passe à Toulouse et met en scène Jabirah, semi-vampire en menace de décomposition, et Muriel, une chamane borderline (rien à voir avec le fanzine, cette fois !).



Vanou: Tu as écrit énormément de nouvelles je crois, comment passe-t-on de la nouvelle au roman ?

  Vanessa Terral : Parce qu'un jour, les histoires deviennent trop grandes pour être contenues dans un petit format ? En fait, les découpages « nouvelle courte - nouvelle - novella - roman » ont été assez artificiels dans mon cas. J'ai à chaque fois écrit dans le format que je maîtrisais et qui correspondait au récit que j'avais en tête. J'ai commencé avec un format très court jusqu'à ce que j'ai l'impression que ça allait, d'être à peu près sereine avec cette taille-là, et je suis passée au format au-dessus. Actuellement, j'apprends à gérer le format des one-shot et j'espère, un jour prochain, avoir suffisamment de connaissances, de pratique et de confiance en moi pour attaquer une série.
   
  Vanou: J'ai adoré « Le Miroir au fond du puits », une nouvelle en téléchargement gratuit, et je viens de finir « L'Aube de la guerrière », ton premier roman que j'ai également beaucoup aimé. Bien que les univers diffèrent totalement, on retrouve une appétence certaine pour la religion, les mythes. Pourquoi écrire là-dessus ?
   
  Vanessa Terral : Pour être totalement honnête, je ne saurais pas trop quoi dire. Ce qui est certain, c'est que je m'y intéresse depuis que je suis toute petite. Les mythologies et les légendes à travers le monde me fascinaient déjà enfant. Aujourd'hui encore, j'adore explorer de nouveaux systèmes de croyances, c'est comme découvrir des cartes mentales de peuples entiers, parcourir les plaines et les montagnes dont ils façonnent ce qui n'a pas de forme. C'est passionnant, exaltant ! Comment des humains de telle ou telle région du globe expliquent l'insaisissable de manière concrète ? Comment leurs paroles modèlent le savoir que nous transmettent nos ancêtres et toute l'humanité, par le biais de l'inconscient collectif, et que nous rendons explicite grâce aux contes ?
  Chaque système de croyances est comme la facette d'un immense diamant qui, au plus profond, raconte souvent les mêmes secrets - mais la diversité est tout aussi intéressante que le point focal.

  Vanou : On dit souvent que les auteurs mettent un peu d'eux-mêmes dans leurs personnages. Es-tu plutôt « l'ange Solange » ou penches-tu davantage du côté obscur comme Aghilas et Terrence ?
   
  Vanessa Terral : Je pense que l'on est chacun d'entre eux à un moment ou à un autre de notre vie - voire les deux ou trois en même temps, lors de certaines phases.
  Regarde : d'un côté, nous avons Solange, en quête d'elle-même, de sa vérité intrinsèque et individuelle, et de la façon dont l'articuler avec une communauté ; dans un autre coin de la piste, Terrence dont les propos acides cachent des blessures amères ; enfin vient Aghilas, celui qui n'arrive pas à se pardonner ses erreurs, qui vit dans le passé et va connaître la rédemption en s'accordant son propre pardon. Peut-être que je me fais des films, mais je pense que nombreuses sont les personnes à se reconnaître dans au moins un de ces états, à l'avoir vécu un jour. En tout cas, pour répondre à ta question, j'ai vécu les trois.



VanouVousLivre : Peux-tu nous parler un peu de ton actualité littéraire ? Quels sont tes projets ? J'ai cru lire qu'un contrat avec « J'ai Lu » avait été signé ? Dis-en nous plus !
   
  Vanessa Terral : Bien volontiers ! En effet, j'ai signé un contrat avec cette maison pour un roman one-shot. D'ambiance gothique, au sens du roman noir des XVIIIe et XIXe siècle, il se passe en Provence, à l'occasion des Cent-Jours qui sonnèrent le (court) retour de Napoléon après son premier exil. Le Gardien de la source fait la part belle au fantastique, aux sorcières, aux enchantements et aux sombres mystères de la nuit... Sans compter sa principale référence, un certain mythe grec ! Il devrait paraître vers la fin de l'année ou début 2016, et j'ai vraiment hâte de l'avoir entre mes mimines ! Mais bon, il faut que je termine de l'écrire pour ça.
  À court terme, un roman court va paraître dans un recueil de trois romans, pour lequel je partage la couverture avec Sophie Dabat et Morgane Caussarieu. L'ensemble s'appelle Black Mambo et sortira pour le Salon du livre, aux éditions du Chat noir. Ma propre participation, L'Ivresse du djinn, se passe dans le Maroc contemporain. L'ambiance est à l'horreur, voire au gore, mais j'ai quand même essayé d'éviter le manichéisme. Aux lecteurs de me dire si j'ai réussi ou pas !
  Autrement, il y aura peut-être une nouvelle publication chez Láska, une maison de romances au format numérique où l'on trouve déjà une de mes nouvelles : Par ton regard.


Vanou: Un dernier mot pour tes lecteurs ou futurs lecteurs ?

Vanessa Terral : Faites-vous plaisir ! Regardez le ciel et les couleurs des saisons.
Merci de lire mes histoires, car c'est votre esprit qui donne vie aux personnages. J'espère de tout cœur vous amuser et que le voyage vous plaît...


Vanou : Merci beaucoup Vanessa !

Vanessa Terral : Merci à toi pour ces questions, et de t'être laissé tenter par L'Aube de la guerrière lors d'une belle journée au Salon du livre ! (Et en parlant de « beau », encore une fois : super manteau !   ;-) 







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