Les heures souterraines COUP DE COEUR

13/05/2015 09:55

Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Au c ur d'une ville sans cesse en mouvement, ils ne sont que deux silhouettes parmi des millions. Deux silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser. Un jour de mai. Les Heures souterraines est un roman vibrant et magnifique sur les violences invisibles d'un monde privé de douceur, où l'on risque de se perdre, sans aucun bruit.


Mon avis :

Delphine de Vigan est notamment l'auteure d'un de mes plus gros coup de cœur littéraire «  Rien ne s'oppose à la nuit ». D'elle, j'ai également lu « No et moi » qui m'avait fait passé un excellent moment. Cette fois encore avec « Les heures souterraines » je n'ai pas été déçue et je crois bien que je suis partie pour lire toute la bibliographie de cette auteure qui me touche particulièrement par sa plume moderne et empreinte d'émotion.

Ici, Delphine de Vigan nous plonge au cœur des états d'âme de deux personnages : Mathilde et Thibault. Ce sont deux êtres dont elle nous narre une journée, le 20 mai, et qui peut-être se croiseront au détour d'une page ou d'un couloir de métro.

Dès les premières pages, j'ai été saisie un fois de plus par la qualité de l'écriture de l'auteure. C'est incroyable à quel point Delphine de Vigan parvient à nous saisir d'emblée. Ses mots sont justes et chaque ligne nous conduit un peu plus dans les tréfonds de l'âme humaine, dans les douleurs que peuvent ressentir ses personnages. Il n'y a pratiquement aucun dialogue car ces récits parallèles sont racontés du point de vue interne. Cela donne l'impression d'un dialogue intérieur à la troisième personne.

Mathilde est une femme au bord du gouffre. Elle est prise dans la spirale du harcèlement psychologique au travail. C'est sournois et ça prend aux tripes tant l'auteure est au plus proche des émotions de son personnage. Les doutes, les interrogations, la culpabilité, la mise à l'écart ... Tout y passe et ça fait froid dans le dos. Le monde de l'entreprise n'est pas rose on le sait, mais lorsqu'il devient destructeur, comment s'en sortir ? On sait à quel point le harcèlement moral au travail est difficile à prouver, que cela peut conduire à l'irréparable... Mathilde le sait.

Thibault lui, est un médecin qui n'a pas vu sa vie défiler et qui aime une femme immobile, sans élan vers lui. Le 20 mai il l'a quitté et est parti travailler. Ses visites à domiciles m'ont touchée, parfois fait monter les larmes aux yeux. Thibault est le personnage qui nous décrit la ville et ses plaies. Il connaît les douleurs des gens.

Ces deux personnages sont à un moment de leur vie où ils font le point et où il faut prendre des décisions. Seulement ce n'est pas si simple.

Dans ce roman, Delphine de Vigan nous heurte par sa justesse, son réalisme. Elle ne nous brosse pas dans le sens du poil et pourtant sa plume est d'une douceur effrayante. On finit se roman en se disant qu'on pourrait encore lire 500 pages sans problème mais ce que j'aime chez cette auteure, c'est qu'elle sait s'arrêter au bon moment, celui où le lecteur va pouvoir méditer encore longtemps après avoir refermé le livre.

Un énorme coup de cœur qui me laisse dubitative sur ma prochaine lecture. Que lire après ça ?

Editions : Le livre de porche

Auteure : Delphine de Vigan

Pages : 249

Prix : 6,50€


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