Les gens heureux lisent et boivent du café COUP DE COEUR

Diane, gérante d’un café, perd brusquement son mari et sa fille dans un accident de voiture. Egarée dans ses souvenirs, elle perd l’envie de vivre. C’est finalement en se réfugiant dans un petit village d’Irlande que Diane tente de faire son deuil et de se reconstruire,

au fil du temps et des rencontres.

Mon avis :

Ce livre était dans ma liseuse depuis quelques mois déjà et c'est avec un grand plaisir que je l'ai lu hier dans le train. Je ne prends pas souvent le train ou le métro mais j'aime lire dans ces endroits. Si le livre parvient à me faire oublier la foule environnante et à m'empêcher de dormir malgré les bercements de la machine, c'est qu'il remplit son rôle d'évasion. Avec "Les gens heureux....", je me suis non seulement évadée, mais en plus de cela, les larmes me sont montées au beau milieu du wagon. Mais vu que personne ne fait attention à personne dans l'anonymat des transports, j'ai pu poursuivre ma lecture paisiblement tout en ressentant chaque émotion pleinement.

Certains livres mettent un certain temps à se mettre en place. Agnès Martin-Lugand ne laisse pas au lecteur le temps de s'habituer au bonheur de Diane, Colin et Clara. Elle n'a pas écrit un livre sur l'épanouissement familial. A peine la première page tournée que nous basculons dans l'horreur. C'est un roman sur la descente aux enfers, sur le deuil. Comment et pourquoi survivre aux êtres qui comptaient le plus dans notre vie? Je me suis immédiatement identifiée à ce personnage. Non je n'ai pas vécu ce terrible drame, mais ma configuration familiale est la même. Un mari et un enfant. On ne peut que se projeter dans cette situation, ressentir une empathie légitime à l'égard de Diane.

Ma réaction serait-elle identique? Serai-je tout comme elle encline à me replier sur moi-même? Ferai-je le vide autour de moi? Tout autant de question qui m'ont taraudé tout au long de ma lecture. On sent que l'auteure a une expérience dans la protection de l'enfance. J'ai moi-même ce vécu en tant qu'éducatrice et non pas psychologue et j'imagine les situations que cette femme à présent auteure à pu rencontrer. Tout cela est venu nourir la qualité de ce roman que nous livre Agnès Martin-Lugand. Elle est au coeur de l'émotion. L'écriture n'est pas tarabiscoté, pas de grandes et belles phrases alambiquées pour nous faire comprendre la détresse, l'insoutenable. Tout est brut.

" Assise au bureau de Colin, un atlas devant les yeux, je parcourais une carte de l'Irelande. Comment choisir sa tombe à ciel ouvert? Quel endroit pourrait m'apporter la paix et tranquillité nécessaire pour être en tête à tête avec Colin et Clara? Ne connaissant strictement rien à ce payx, et me trouvant dans l'incapacité d'y chosir un point de chute, je finis par fermer les yeux et poser mon doigt au hasard. "

Diane n'existe plus et pour continuer à ne plus exister sans qu'on vienne l'en empêcher, elle décide de partir en Irelande. C'est une fuite qui a pour dessein de disparaître, d'être autorisée à refuser de vivre. Car il y a Felix, le meilleur ami qui refuse de la laisser sombrer, qui tente de la sortir de son état végétatif. A quoi bon ?

L'Irelande sera contre toute attente le lieu de la reconstruction et non pas son tombeau. Diane y fera la connaissance du chien affectueux de son ignoble voisin Edward. Elle ressentira de nouveau des émotions qu'elle croyait à jamais enfouie depuis la mort de son mari et sa fille. On assite au fil des pages au réveil de Diane. Elle émerge doucement de son deuil.

On ne s'attend pas forcément à cette fin. On s'imagine quelque chose et puis non, ça n'arrive pas. Et finalement, on se rend compte que ça ne pouvait pas arriver. La fin est sublime car elle n'est pas facile.

Ce fut un moment riche en émotion et c'est avec grand plaisir que je vous conseille ce roman.

Editions: Michel Lafon

Auteure: Agnès Martin-Lugand

Pages: 120 sur ma liseuse et 256 en version papier

Prix ebook:  2,99€

Prix papier: 14,20€