La magie du destin tome 1

18/07/2014 20:15

 "Il fut un jour où les sorcières  étaient pourchassées, abusées, et tuées.
Traitées en “envoyé du Diable”, elles étaient souvent brûlées,
pour que leurs âmes retournent là où elles étaient nées, en Enfer.
Dans le Royaume de Gjörn, les hommes ont le pouvoir sur tout.
Ils soumettent les femmes, les dominent et les réduisent en esclavages.
Ils veulent exterminer la sorcellerie et usent de tous les moyens possibles.
Une seule personne leur barre la route: Maria.
Cette jeune sorcière refuse de se plier aux traditions et applique sa propre ligne de conduite.
Elle va renier ses origines et tout faire pour s’éloigner des situations absurdes.
Mais ce qu'elle semble ignorer, c'est qu'on ne peut pas échapper à son destin."



 

 

Mon avis :

 

Tout d’abord je tiens à remercier Maritza, l’auteure de ce roman pour ce superbe cadeau qu’elle m’a fait en m’offrant son livre pourvu d’une belle dédicace très personnalisée. C’est au détour des réseaux sociaux que j’ai fais la connaissance de l’auteure et c’est avec empressement que je me suis plongée dans cette lecture afin de découvrir l’univers qu’elle a créé.

 

Comme souvent, je vais entamer ma chronique par un petit avis sur la couverture. Je dois dire qu’elle me laisse un peu perplexe car je préfère l’apparence du quatrième de couverture. Bien sûr, à la lecture de l’ouvrage, on se rend compte que le dessin du recto est très en lien avec l’histoire, mais il ne me plaît pas tant que cela hormis le titre, écrit avec beaucoup de goût. En revanche, le dos du livre est sublime et en accord avec l’atmosphère. Un vieux parchemin, des éléments de nature, les piliers d’un temple… Bref je suis donc à moitié conquise par le design mais j’ajouterai que les petites illustrations intérieures sont plutôt agréables.

 

Passons à présent au contenu en lui-même. Je garde à l’esprit que ce roman est le premier de l’auteure et par conséquent, emprunt encore de certaines maladresses qui j’en suis sûre seront de moins en moins fréquentes au fil des tomes. Il faut vous dire d’emblée que Maritza voit grand car sa saga comprendra 6 tomes. C’est dire si son univers est riche !

 

Deux éléments principaux régissent l’histoire : l’aventure de Maria et les conflits des différents royaumes qui composent son univers. Il m'a fallu parfois relire certains passages pour bien comprendre les enjeux, mais cela reste plutôt normal je trouve pour une saga fantasy. Rapidement la couleur est annoncée : les femmes sont asservies par les hommes qui les ont réduites à de simples esclaves sexuelles et des ventres uniquement bons à enfanter des mâles. Maritza nous catapulte dans un monde où l’homme n’est qu’un tortionnaire, prenant son plaisir dans la souffrance de la femme. Les scènes dites « violentes », sont clairement visibles car l’auteure spécifie au début de l’ouvrage qu’elles seront en italiques et entre crochets. Je ne suis pas convaincue par ce procédé qui du coup enlève un certain suspens car l’on sait à l’avance qu’il va y avoir une scène un peu dérangeante. Ce type de passage témoignent d’un livre davantage à destination des adultes, et une simple mention sur l’ouvrage qui l’interdirait au moins de 16 ans par exemple devrait être suffisante à mon avis. Sans être choquée par les scènes en elles-mêmes, j’ai parfois eu l’impression d’une caricature de l’homme bestial et sans sentiment. La quasi-totalité des hommes rencontrés au fil des pages n’a aucun cœur et seules les femmes semblent pourvues d’une conscience et de réelles émotions.

 

Toutefois, il est à noter que Maritza a su me convaincre malgré tout et c’est en deux jours que j’ai dévoré ce roman de 416 pages. Je suis restée accrochée à cette histoire de fantasy jusqu’à la fin et n’avait qu’une envie, découvrir le destin de Maria, mais également celui de Philippe, d’Anna, ou encore de Bethy. Les éléments importants sont habilement distillés au fil des pages. L’auteure prend le parti de nous offrir un point de vue quasi omniscient, nous transportant du champ de bataille où les hommes meurent, à la salle de réunion des souverains, jusque dans la tête de Maria ou de Philippe. Elle prend tout de même soin de ne pas nous révéler la totalité des pensées de ses personnages et notamment des antagonistes afin de laisser une grosse part de suspens jusqu’à la fin.

 

Maria est la fille de Maria. Oui je sais il faut suivre mais en fait tout est clair à la lecture rassurez-vous. Au début je me suis laissée surprendre entre le résumé qui m’annonçait une Maria rebelle et la Maria du début, si fragile et soumise à son destin… J’ai rapidement compris que la vraie Maria, l’héroïne de cette épopée arriverait un peu plus tard. Et là, je n’ai pas été déçue. Un caractère bien trempé, des idées allant à l’encontre des préceptes inculqués dans le royaume. Maria est un personnage haut en couleur. Nous la suivons sur plusieurs années et je dois dire que j’aime voir grandir les personnages et les suivre au fil de leur évolution. J’ai toute fois eu l’impression que même enfant elle étai déjà d’une grande maturité. Protectrice envers sa grande sœur Bethy, elle n’aspire qu’à une chose, la revoir un jour… Les femmes ou plutôt les petites filles se marient dès l’âge de onze ans et Bethy ravie de son sort n’a pas échappé à la règle, allant vivre avec son mari beaucoup plus âgé qu’elle. Maria quant à elle n’est pas assez conventionnelle et refuse de se donner à un homme. Sa mère est désespérée et rien ne s’arrange lorsque Maria rencontre Anna, une sorcière qui lui cache bien des choses… Maria va découvrir ses origines progressivement et refusera longtemps de les accepter. J’ai parfois été agacée car la jeune fille, butée, même face à certaines évidences, refusait quoiqu’il arrive de les accepter. C’était de temps en temps exagéré tant c’était flagrant !

 

En revanche, son refus d’accepter la soumission aux hommes donne à cette histoire une dimension que je qualifierai de féministe. Le point de vue est plutôt radical et clairement engagé. La dénonciation de certains cultes religieux extrémistes semble également évoquée au travers de cette histoire peuplée de magie. Toutefois, à aucun moment un jugement n’est porté et l’auteure s’attache à prôner le libre arbitre, la volonté de prendre ses propres décisions et de respecter les choix des autres.

 

En ce qui concerne Philippe/Eric ( vous comprendrez lors de votre lecture les deux prénoms), j’ai beaucoup aimé ce personnage. Il est davantage en nuance. Avec Enzo, il fait partie des hommes qui relèvent l’honneur dans cette histoire de femmes. On sent ici que Maritza a nuancé son point de vue. Ni entièrement mauvais ni entièrement bon, Phlippe/Eric est ambivalent et a un fort potentiel d’évolution. Ce personnage nous démontre à quel point l’éducation peut faire des ravages selon l’orientation qu’on lui donne. Un enfant, aussi gentil qu’il soit à la base, peut devenir le pire des êtres entre les mains d’éducateurs malveillants. C’est sans compter sur l’éducation donnée aux petites filles, à qui l’on apprend dès le plus jeune âge qu’elles sont inférieures aux hommes et indignes d’occuper une place dans la société. Cet aspect est véritablement bien traité.

 

L’intrigue est quant à elle centrée autour de la magie. Les sorcières sont pourchassées depuis longtemps et leur avènement pourrait refaire surface avec l’apparition d’une Elue. Le schéma est somme toute plutôt classique mais Maritza a su placer de l’originalité dans le contexte ce qui donne à  « La magie du destin » un attrait particulier.

 

Cette histoire regorge de potentiel, tant et si bien qu’on en oublie une plume encore hésitante par moment. Maritza semble prendre ses marques avec ce premier tome plutôt complexe car il installe un univers atypique qu’elle se devait de nous présenter en détail. Je lirai sans faute la suite des aventures de Maria au regard de cette fin frustrante à souhait et ô combien prometteuse !

 

Chronique de ma partenaire Les livres en folie

Chronique de ma partenaire Viou et ses drôles de livres

 

Editions : Lulu.com

Auteure : Maritza

Pages : 416

Prix papier : 14, 90, Prix numérique : 4,72€

 

 

 

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