La grammaire est une chanson douce COUP DE COEUR

06/09/2014 15:24

« Elle était là, immobile sur son lit, la petite phrase bien connue, trop connue : Je t’aime.
Trois mots maigres et pâles, si pâles. Les sept lettres ressortaient à peine sur la blancheur des draps.
Il me sembla qu’elle nous souriait, la petite phrase.
Il me sembla qu’elle nous parlait :
– Je suis un peu fatiguée. Il paraît que j’ai trop travaillé. Il faut que je me repose.
– Allons, allons, Je t’aime, lui répondit Monsieur Henri, je te connais. Depuis le temps que tu existes. Tu es solide.

Quelques jours de repos et tu seras sur pied.
Monsieur Henri était aussi bouleversé que moi.
Tout le monde dit et répète « Je t’aime ». Il faut faire attention aux mots. Ne pas les répéter à tout bout de champ. Ni les employer à tort et à travers, les uns pour les autres, en racontant des mensonges. Autrement, les mots s’usent. Et parfois, il est trop tard pour les sauver. »

 

Mon avis :

 

Cela fait un peut peur je l’avoue de se lancer dans la lecture d’un livre où  il est stipulé sous le nom de l’auteur « de l’Académie française ». On imagine immédiatement quelque chose d’indigeste de part une complexité accessible uniquement aux plus grands érudits…. Et bien que nenni !!

 

« La grammaire est une chanson douce » devrait être inscrite au programme scolaire dès l’école primaire ! Une pétition devrait circuler en ce sens même ! A tous les parents dont les parents dont les enfants sont réticents à l’idée d’apprendre leur leçon de grammaire, je n’ai qu’une chose à dire : lisez-leur ce petit roman, cette ode aux mots.

 

Erik Orsenna avec une simplicité déconcertante, avec des mots terriblement accessibles nous raconte l’histoire de Jeanne et Thomas (et plus particulièrement de Jeanne en réalité), deux enfants rescapés d’un naufrage sur une île incroyable, une île où ils retrouveront leurs mots perdus dans l’océan. Ici, on rencontre une « nommeuse », qui se charge de rappeler l’existence de mots anciens, on entre dans un magasin qui s’appelle « Au vocabulaire de l’amour » pour chercher le mot adéquat pour dire ce que l’on ressent, ou encore dans un autre «  Etymologiste en quatre langues » pour découvrir l’origine des mots. Jeanne découvre la ville « La ville des mots », où elle observe les mots déambuler. Noms, articles, adjectifs, pronoms et bien d’autres se côtoient, se fréquentent et se marient même ! C’est tout bonnement délectable de réviser sa grammaire ou même de l’apprendre de manière aussi ludique et poétique.

 

 

Car oui, il y a de la poésie dans ce récit. J’en suis sortie avec l’envie de me racheter un dictionnaire plus récent et d’y plonger régulièrement pour en sortir des mots dont je ne soupçonne même pas l’existence ! Au fil de cette visite de l’île, Jeanne sera même kidnappé et on tentera de lui faire ingurgiter des règles grammaticales d’une manière barbare, celle qu’on enseigne aux enseignants….

 

Erik Orsenna nous livre ici un roman tendre où son amour pour la langue française transpire à chaque ligne. A votre tour de vous plonger dans ce petit roman pourtant si grand !

 

 «  Les vrais amis des phrases sont comme les fabricants de colliers. Ils enfilent des perles et de l’or.

Mais les mots ne sont pas seulement beaux. Ils disent la vérité ».

 

Alors j’espère que vous me croyez ….

 

Editions : Le livre de Poche

Auteur : Erik Orsenna

Pages : 151

Prix : 5,60€

 

 

—————

Précédent


Comment Box is loading comments...