Entre mes mains le bonheur se faufile COUP DE COEUR

Iris étouffe dans sa petite vie étriquée de la bourgeoisie de province. Un mariage qui se délite, un métier frustrant, elle s'échappe dans des drapés vaporeux et de sages petites robes sur mesure. La couture est son refuge, la machine suivant la cadence de son cœur apaisé. Jusqu'au jour de l'explosion, lorsque Iris découvre que ses parents lui ont volé ses aspirations de jeunesse.   Alors elle déchire le carcan et s'envole pour suivre la formation dont elle rêvait. Et, de fil en aiguille, sous l'égide autoritaire de l'élégante Marthe, Iris se confectionne une nouvelle vie, dans l'exubérance du Paris mondain

Mon avis :

J'avais lu l'an dernier le premier roman d'Agnès Martin Lugand « Les gens heureux lisent et boivent du café » et l'avait apprécié malgré une certaine déception quant à la tournure que prenaient certains évènements.

Ici, c'est un coup de cœur total que je viens de vivre et aucune fausse note n'est venue perturber ma lecture estivale. Cela faisait un certain temps que je n'avais pas eu l'occasion de lire un roman d'une traite pratiquement.

Les 170 pages furent un plaisir de lecture tant l'écriture d'Agnès Martin Lugan est fluide et simple.  Elle coule avec douceur et les mots s'enfilent aussi facilement qu'un fil dans le chat de l'aiguille de la couturière avisée. On lit et les pages s'enchaînent, laissant à l'histoire le temps de prendre son ampleur.

« Entre mes mains le bonheur se faufilent » recèle une grande sensibilité et regorge d'émotion que parvient à nous transmettre l'auteure.

On suit Iris, cette femme mariée à Pierre depuis 10 ans déjà et qui semble passer à côté de sa vie tant elle se conforme à ce que sa famille et son mari attendent d'elle. Elle est effacée et ne pense pas par elle-même. Un simple repas de famille dominical vient tout bouleverser et Iris décide de prendre sa vie en main, de recommencer là où elle s'était arrêtée dix ans auparavant. Avec l'accord de Pierre mais sans vraiment sonsoutien, elle part pour Paris suivre une formation dans la couture au sein de L'Atelier.

J'ai adoré le personnage d'Iris malgré sa soumission, son besoin de ne pas blesser, de faire plaisir. Elle semble toujours prise en étau entre des personnalités plus fortes que la sienne, qui décèlent ses faiblesses et la manipule à leur guise. Malgré cela, au fil des pages et au prix de nombreux efforts, on assiste à l'émancipation, à l'éclosion même, de cette femme qui s'ignore. Car Iris, toujours dans l'ombre des autres, n'est jamais parvenue à s'estimer à sa juste valeur.

Sa rencontre avec Marthe, la directrice de L'Atelier qui voit en elle un potentiel incommensurable, va permettre à Iris de s'élever. Le problème est que la jeune femme n'est là que pour six mois, et qu'ensuite, elle devra retourner à sa vie d'avant...

Dans ce roman, Agnès Martin Lugan explore les méandres de la vie conjuguale, de la relation dominant-dominé, de l'importance de l'épanouissement personnel dans un couple.

J'ai détesté Marthe pratiquement dès sa première rencontre avec Iris. Puis j'ai compatis... Agnès Martin Lugan nous a confectionné des personnages sur mesure, et travaillé. Leur personnalité est recherchée et cohérente, fascinante.

Le milieu de la couture m'est totalement inconnu et j'ai apprécié pouvoir y déambuler à petit pas comme Iris. Bref, c'est une réussite que ce petit roman ! Une petite perle de simplicité, de sincérité cousue sur mesure. A lire sans modération.